Nous avons tous des « Ecritures sur les Murs », des « vérités » que nous ne mettons jamais ou rarement en question. Elles nous aident à prendre position et à nous situer dans le monde. Mais ces « écritures » peuvent aussi singulièrement nous compliquer l’existence et nous rendre la vie difficile et douloureuse.
Si, dans la rue, on se trouve nez à nez avec un tigre furieux échappé d’un cirque, « l’écriture sur le mur » ordonne : « Sauve-toi, grimpe tout de suite dans le lampadaire à gauche, (par ex) ». Une fois en sécurité là-haut, on peut se tapoter pour calmer les battements de son cœur, -- sans lâcher les deux mains.
Le propre de ces écritures est qu’elles sont à peine visibles, elles font partie de nous. Nous avons reçu ces injonctions de nos parents, de nos professeurs, de la télévision....
Mais d’autres écritures peuvent être moins défendables ou vraiment destructrices, par exemple celles-ci : « Comme tu es maladroit, il faut toujours que tu casses tout. », « Tu ne seras jamais quelqu’un de bien », ‘ Tiens-toi tranquille, ne te fais pas remarquer ! » « Avec la dégaine que tu as, tu n’as aucune chance » ou encore : « Tu n’arriveras jamais à rien, tu n’es pas comme ta sœur qui, elle, y arrive ! » Et il y en a combien d’autres....
L’anecdote des coquillettes peut paraître cocasse, mais illustre combien une écriture peut constituer une pierre d’achoppement, un caillou dans la chaussure. Mon amie Viviane me racontait comment un soir qu’elle était rentrée fatiguée du travail, son mari lui avait proposé de préparer le dîner. « Tu veux que je fasse des pâtes ? » lui demanda-t-il. Elle était tout à fait d’accord. Pourtant elle fut très contrariée quand il présenta un plat fumant de coquillettes sur la table. « Il sait depuis trente ans que je déteste les coquillettes ! C’est toujours la même chose, pourquoi ne peut-il pas simplement faire des pâtes ? ». Après un court moment de silence, nous avons éclaté de rire tout en tapotant : « Il est bien connu que les coquillettes ne sont pas de pâtes, et il n’y a que Dédé (le mari-cuisinier) qui l’ignore ».
Avec cette affirmation paradoxale, Viviane a été libérée d’un grand nombre d’autres sujets de friction au sein de son couple. Cela est dû au phénomène de généralisation. Et puis, après tout, pourquoi pas des coquillettes, de temps en temps ? se dit Viviane maintenant.
B.M.