Les Pokémons et l'EFT
Marielle Chéron.
Animatrice et Educatrice Sportive en Écoles Maternelles et Elémentaires
Je travaille dans les écoles maternelles et primaires où je fais de l'animation pendant les heures de midi, les mercredis et les soirs. Ces temps informels demandent une vigilance, une observation et une écoute constantes afin d'assurer correctement la sécurité morale, affective et physique des enfants qui sortent d'un état de concentration longue en classe.
Je fais maintenant assez régulièrement appel à l’EFT pour les soucis quotidiens des enfants : pleurs, tristesse, conflits entre enfants, difficultés scolaires, violences, maux de tête, de ventre, fièvre, douleurs dues aux chutes, chocs émotionnels. Les enfants, en particulier les plus petits, ne verbalisent pas ou peu. Ils disent simplement qu'ils ont mal. Parfois il est nécessaire de cerner le « mal » d’un peu plus près par des questions qui font appel à l’imagination, la mienne et celle de l’enfant. Mais il arrive aussi qu’un tout petit se calme en moins de deux minutes grâce au tapotement et sans aucune suggestion ni explication de ma part.
Une expérience, récente, particulièrement intéressante, fut avec un groupe de quarante enfants de six à dix ans dans un gymnase lors d'une activité de jeux collectifs que j'avais organisée afin d'éviter de rester dans la cour par moins cinq degrés cet hiver.
À la fin de la séance, après un bon défoulement physique, j'ai rassemblé les enfants pour un retour au calme. Je leur ai demandé de s'asseoir en formant une ronde. Ensuite, j'ai entamé une discussion avec eux sur la récupération de l’énergie, sur le bien-être et des différentes manières de les retrouver. Ainsi, nous avons naturellement été amenés à parler des petits soucis de la vie quotidienne : l'un avait été puni en classe par la maîtresse, l'autre n'avait pas fini son exercice, une fillette avait mal au genou et un petit garçon, que je nommerais Nicolas, me disait qu’il avait toujours mal à la tête…
Ce jour-là, c’était lui qui attirait le plus mon attention et c’est pour lui que j’avais envie de faire, avec ce groupe de quarante enfants, une expérience d'EFT. Quelques années plutôt, Nicolas avait été témoin de l’accident qui avait tué sa famille. Il ne parle jamais de ce qui s’est passé, il n’a aucun comportement inquiétant, il est gentil et respectueux. Ses grands-parents l’élèvent avec amour, mais comme il n’engage pas de dialogue avec les adultes, il passe pour être un enfant timide qui préfère se fondre dans la masse.
J'ai poursuivi mes explications en disant que pour retrouver de l'énergie il faut manger correctement, apprendre à reconnaître les moments de fatigue, savoir faire le calme pour se reposer et, pour finir, je leur ai demandé s'ils connaissaient des techniques pour se relaxer, se sentir mieux dans leur corps et dans leur tête.
Quelques-uns avait une vague idée de « la relaxation », mais aucun enfant ne l’avait jamais essayé.
L'idée de me servir des Pokémons s'est alors imposée à moi, car les enfants adorent ces petites créatures énergétiques. (J’informe les non-initiés que les Pokémons est un jeu de cartes qui fait fureur dans les cours d'école.) Les enfants s'amusent à les faire se combattre avec leurs énergies - eau, feu, électricité, terre, métal, ils jonglent avec les énergies en les associant, les additionnant…
J'ai dit aux enfants que je connaissais une technique très simple qui permettait de faire circuler correctement l'énergie corporelle et qu'elle pouvait même faire disparaître les maux de tête, bobos et ennuis de toutes sortes. Ils ont évidemment voulu découvrir ce mystère.
Je leur ai montré le point karaté, facile à retenir pour eux. Puis, je me suis lancée dans la séquence en partant du sourcil vers le bas jusqu'au point que j'ai appelé « king-kong » (clavicules) et « singe » (sous le bras ) puis, j’ai terminé par le haut du crâne.
Ils ont très facilement retenu la séquence et ont trouvé amusant de se tapoter. Après trois séries complètes, je leur ai demandé ce qui avait changé. Tous avaient évalué leur situation initiale et étaient très surpris de voir à quel point leurs « soucis » étaient devenus moins importants.
Nicolas, lui, a annoncé avec un sourire qu'il n'avait plus mal à la tête ! J’étais heureuse ce jour-là, heureuse d'avoir semée des graines d'EFT. Je me disais que si un seul enfant avait retenu cette technique et pouvait dorénavant mieux s'auto-gérer, c'était formidable
Peu de temps après, j’ai eu la bonne surprise d’entendre deux enfants me dire lors d’une activité :
- Au fait, tu sais, Marielle, ça marche ton "truc" !
Cette technique est remarquable, elle est si rapide et efficace que les enfants l’acceptent avec un grand naturel. Elle est, en outre, si facile à retenir qu’ils continuent parfois l’appliquer à eux-mêmes sans qu’on le leur demande et, cerise sur le gâteau, la montrent aux autres !